L'hôpital des chauves-souris

Quand nous avons décidé de passer quelques jours dans le nord Queensland, il était absolument inenvisageable que je rate l'hôpital des chauves-souris situé à seulement 1 heure de Cairns à l'intérieur des terres.

Il y a quelques années j'étais tombée sur un documentaire tourné dans ce petit hôpital, unique en son genre à l'époque, j'avais trouvé le travail de cette dame -qui fait désormais office d'autorité mondiale en la matière- absolument formidable et je m'étais promis de lui rendre visite un jour. Voilà, rendez-vous était pris avec elle à la tombée de la nuit pour mieux profiter de ces animaux nocturnes.

Cette dame récupère toutes sortes de chauves-souris dans toutes sortes de conditions: accrochées dans un filet, un grillage, un barbelé, malades, blessées, orphelines...et les installe dans d'immenses cages (qui empestent) prévues à cet effet.

Le must c'est qu'on est autorisé à pénétrer dans la cage et dès notre entrée, elle tient à nous montrer leur physiologie. Elle en attrape donc une et déploie une de ses ailes. Ca vous donne une idée de l'envergure totale...

La cage a des airs de kermesse avec ses guirlandes de pommes accrochées un peu partout. Mais rien à voir avec la déco, ces chauves-souris là sont frugivores.

Crédit photo: Fred

Celle-ci a l'air de s'être particulièrement régalée.

Il y a toutes sortes de chauves-souris: les flying-foxes que nous venons de voir (nous avons les mêmes à Sydney) et d'autres dont j'ai oublié le nom mais vous pouvez aisément voir que leur couleur diffère des précédentes, elles sont totalement noires. Vous noterez également que comme ce sont des mammifères, il est très aisé, une fois leurs ailes dépliées,de distinguer les mâles des femelles. Ici...un mâle... bravo.

Crédit photo: Fred

Celle-ci est nettement plus claire et plus marron que les autres, elle ressemble à un Pincher (race de chien qui ressemble à un rat) déguisé en batrman.

Crédit photo: Fred

Nous laissons les plus feignantes à leur étirements matinaux (car si pour nous la journée se termine, pour elles elle ne fait que commencer) et passons dans la cage d'à côté.

Cette cage dont la capacité peut encore accueillir bien d'autres âmes en péril, héberge en ce moment dans de petites cages séparées les chauves-souris malades et encore trop fragiles pour être mélangées aux autres.

Dans la cage suivante nous ne comprenons pas tout de suite le motif de notre venue. Nous regardons autour de nous et ne voyons pas de trace de la moindre chauve-souris. Il est en effet difficile à croire que dans ce petit linge à carreaux bleu et blanc et dans ce petit pot en plastique se trouvent des chauves-souris adultes. 

Et pourtant...

Ce sont ce qu'on appelle des micro-bats (micro chauve-souris) toutes de taille adulte, ne pesant que quelques grammes et de sous-espèces différentes.

Celle-ci, une ghost bat je  crois, plus grise habituée à vivre dans des grottes était accrochée dans son petit pot qui lui octroie l'univers sombre dont elle a besoin.

Crédit photo: Fred

Et comme vous pouvez le constater elle ne fait même pas la taille d'une main. Imaginez la précision du sauvetage d'animaux aussi petits, ça relève presque du miracle.

Batwoman décide de nous montrer un dernier spécimen, qu'elle redescend pour la nuit pour la rentrer chez elle, étant encore trop faible pour survivre aux nuits d'automne du nord Queensland, furent-elles très douces.

Celle-là est vraiment adorable, elle arbore un petit liseret pointillé le long de ses ailes et de ses oreilles et reçoit encore via un biberon-seringue une solution d'eau salée.

Les déjections des méga-bats sont jetées dans des bacs qui produisent du compost et des vers, vers qui serviront à nourrir les micro-bats, dont certaines sont carnivores, quand elles pourront ré-adopter leur régime alimentaire habituel.

Batwoman nous montre le tout dernier joujou en vente sur le marché qu'elle vient de se procurer. Un écho-localisateur qui se branche sur l'ipad afin d'écouter les cris des chauves-souris alentour et qui en retranscrit et enregistre les fréquences, ce qui lui permet de savoir quelles sous espèces se trouvent dans le coin.

Voilà vraiment une super visite, un bel endroit avec une dame passionnée. Petit conseil, si vous avez le choix de la période allez y en octobre, vous aurez peut-être la chance de biberonner des chauves-souris orphelines car c'est la période des naissances.

NB: Par contre ce serait bien que les autorités australiennes arrêtent d'imposer des conditions drastiques en matière d'importation de chien sous prétexte que l'Australie est un territoire exempt de la rage, c'est un mensonge éhonté car ces petites bestioles, même si les cas sont rares, la transmettent !  Et je me le suis fait confirmer par Batwoman qui elle-même est vaccinée.